jeudi 24 novembre 2011

Le shôjo en kit, partie 3.2

(Rappel, les extraits de mangas se lisent de droite à gauche)


Nous en sommes donc à créer de la tension et des obstacles à partir de rien. Après la "fausse embrouille", je vous propose :


2 Le mais-non-en-fait (appelé aussi le concept du « un pas en avant, quatre pas en arrière ») :
Nous avons eu une pseudo tension, qui a été réglée. Mince, plus d’histoire possible, vous voilà bien mal en point ? Mais non, il suffit de décider que « mais-non-en-fait ». Par exemple, le héros va mettre 3 chapitres à faire comprendre à l’héroïne qu’il l’aime afin qu’elle se rassure. L’héroïne se rassure, plus rien ne se mettra en travers de leur amour si profond. Et au 4e chapitre, l’héroïne va se demander si le héros l’aime vraiment. Non parce que, si ça se trouve, mais non en fait… 
Peu importe les marques d’affection que les protagonistes peuvent se montrer, ils seront en constant manque de confiance l’un envers l’autre, permettant au « mais-non-en-fait » de s’épanouir sans fin.

>>Concept valable pour à peu près tout ce qui aura été établi par le héros ou l’héroïne précédemment. Car oui, n’hésitez pas à remettre en cause tous les problèmes résolus jusqu’à présent. Comme ça là, hop, c’est gratuit, ça ne mange pas de pain, et ça fait des pages en plus. Rappelez-vous, les personnages changent d’avis comme de chemise avec une justification plus ou moins valable (vous comprenez pourquoi on a fait d’Higuratoshi une girouette en matière de comportement).


"Je te quitterai jamaiiiiiiiis"

(Peu après :)
"Finalement je te quitte (encore)."

3 La tension imaginaire :
Concept qui rejoint les deux précédents et s’y entremêle. On l’a vu, Sakumi (et parfois Higuratoshi) aime à se faire des films. Abusez-en, personne ne vous le reprochera et n’hésitez pas à le faire même quand il n’y a rien. Je veux dire, vraiment rien. Précédemment, l’excuse bancale c’était la perte d’un cadeau ou une vague scène ambiguë. Mais en fait, c’est possible avec du rien de rien.

Par exemple, un matin Sakumi décide qu’elle ne mérite pas Higuratoshi, il est trop bien pour elle, ah lala, quand même. Hop, elle ne lui parle plus : « tension imaginaire » combinée au « mais-non-en-fait » et qui entraîne une « fausse embrouille ». Higuratoshi peut faire de même, et ainsi de suite. Action ! Tension ! Obstacle. Le tout pour une somme modique proche du zéro absolu que maîtrise si bien Hyôga.

Par exemple encore, Sakumi peut se repasser en boucle la moindre connerie qu’a pu lui balbutier entre 2 cours le héros (« il était bon le sandwich au thon d’hier… ») pour la retourner dans sa tête et se torturer dessus en donnant l’impression qu’il s’agit de quelque chose de décisif. Grossissez le trait, le moindre petit machin doit paraître incroyable, dramatique. Même le "rien" :

"Han ! Il refuse les avances d'une nana ! Il ne se passe rien. De rien. Bon, je vais psychoter..."


4 La lenteur d’esprit (aussi appelée « lapin compris ») :
Quoiqu’il arrive, moins l’héroïne comprend ce qui se passe et/ou les intentions du héros, mieux c’est pour le déroulement de l’action.
C’est encore un concept lié aux précédents, qui se combine avec cette idée d’absence de logique et qui est vaguement justifié par la bêtise crasse… l’innocence de votre héroïne. La lenteur d’esprit de votre héroïne permet à l’action de durer indéfiniment (elle ne va pas comprendre ce qui se passe, va toujours s’expliquer quelque chose d’évident par ce qu’il y a de moins évident, ne va pas voir les marques d’amour du héros etc. Je pense que tout le monde a déjà en tête Skip Beat ou Arakure, des chefs d’œuvre en la matière).

"Il veut que je n'ai d'yeux que pour lui mais ça ne veut sans doute rien dire. Il veut juste m'éviter de rêvasser, ça ne peut être que ça."

5 La lenteur d’action :
Encore une fois, c’est lié à l’absence de logique et au reste. Par exemple, si vous commencez à trouver le temps long et décidez que ça y est là, assez ri, les héros vont sortir ensemble. Ce n’est bien sûr qu’une ruse pour ne pas endormir le lecteur. Car hahaha, nous sommes dans le monde magique du shôjo où « sortir ensemble » n’est qu’un concept flou qui ne renvoie pas forcément à du concret. Vos personnages « sortent ensemble » mais ça ne veut pas forcément dire qu’ils sortent ensemble (vont au ciné ou autre), encore moins qu’ils s’embrassent, et alors qu’ils couchent, je vous raconte même pas.

Ainsi, si une 1ère étape va être « tu es ma petite copine », il va bien falloir 5-6 étapes avant qu’il y ait la précision du « et je t’aime bien, au fait » et enfin encore 5-6 étapes avant de passer à « et je peux euh… t’embrasser ? »

"Je t'aime. Tu m'aimes. On passe à l'étape suivante ?" "Celle où on va au parc d'attraction ?" "Non, celle où on décide de s'aimer ensemble" "Ooh... pas con..."

Et ce n’est pas parce que vos personnages sortent ensemble qu’ils ne seront pas tous gênés/coincés au moment de se parler l’un à l’autre (ce qui va leur permettre de s’ignorer d’ailleurs et de créer des obstacles imaginaires, encore). N’oubliez pas les étapes de la St Valentin (ratée/gâchée en général) et de Noël (stress des cadeaux). Prenez exemple sur Bokutachi wa shitte shimatta qui aurait pu me servir à lui-seul à illustrer l’intégralité des deux articles du jour. Il aura droit à sa petite review, ne vous inquiétez pas.

>> Votre gestion de ces différents concepts dépendra globalement du scénario que vous avez choisi, suivant que vous racontez une histoire d’amour avec de l’amour tout de suite, ou avec une « tension amoureuse » que vous souhaitez faire durer (si vous avez envie d’un shôjo à moindre frais où il ne se passe rien, optez définitivement pour ce dernier choix).

Bon. Lecteur, tu as  fait le tour, tu as épuisé jusqu’à l’os les possibilités que t’offrent Sakumi et Higuratoshi (je te le dis tout de suite : non, tu ne les as pas épuisées. Il en reste encore. Mais soit, disons que tu te lasses), tu souhaites varier ? Rien de plus simple.

Si déjà, avec du rien, tes héros peuvent se prendre la tête, alors imagine quand il se passe vraiment quelque chose… imagine quand ton héroïne influençable a le malheur d’écouter l’avis des autres… Et c’est parti !

Eh oui, plutôt que de psychoter parce qu’il ne se passe rien, l’héroïne peut psychoter à cause d’une tierce personne. Une tierce personne peut également vraiment jouer le rôle d’obstacle à leur amour. Rassurez-vous et défroncez ces sourcils, ça n’a rien de plus compliqué que ce qu’on a vu précédemment, en général les raisons et la logique des obstacles « réels » sont toutes aussi bidon que la logique des obstacles de la phase 1.

Les concurrents
Quoi de mieux pour mettre des bâtons dans les roues de la bicyclette du grand amour que de créer quelques concurrents ?

>>Concurrents du héros :
Les concurrents du héros sont tous ceux qui peuvent aimer l’héroïne (plus que le héros selon eux), ou que l’héroïne peut aimer. Dans votre shôjo, même si l’héroïne est donnée pour ordinaire et moche-jolie, elle va curieusement plaire finalement à des tas de personnes. Ce n’est pas rare d’ailleurs que, plus elle est insignifiante et vide, plus les amis du héros vont se tordre d’amour pour elle.
Dans le cas où vous avez un dark-héros, vous pouvez le mettre en valeur par un concurrent tendre, doux, compréhensif. Et vice-versa, si votre héros est un prince charmant plus fort et généreux que tout le monde, et ben le concurrent sera amoureux mais du genre à… je sais pas moi, à mutiler l’héroïne ? (c'est la preuve qu'il l'aime plus que le héros, car il peut l'aimer même si elle n'a plus qu'une seule main HAHAHA, qui dit mieux ?) :

"Attention chérie ça va trancher."

Le concurrent est souvent un abonné des chantages à la con, histoire de créer des problèmes imaginaires (« Sors avec moi où je salis les chaussures de ton mec ! Et tu lui dis pas que c’est moi qui t’ai imposé ça hein ! » « Sois tranquille, pour ce qu’on communique lui et moi, je doute qu’il l’apprenne un jour… »)

>>Concurrentes de l’héroïne :
Le choix est varié, mais on distinguera quelques figures principales :

- la méchante rivale :
Bon, la méchante rivale, ça se décline en plein de figures. En général elle est belle et perfide, mais elle peut n’être que perfide. Ce qu’on retient avec la rivale, c’est qu’il n’y a pas de limite à sa méchanceté, c’est tout à fait normal qu’elle cherche à tuer l’héroïne par jalousie (ben oui quoi, vous faites les étonnés là… je ne vois pas le problème). 
Elle est fourbe, sournoise, fait des coups en douce et manipule le héros et l’héroïne (ce qui n’est guère plus difficile que de se déclarer manipulateur en chef une fois débarqué au pays de Oui-oui). C’est elle qui surgit pour aller parler au héros sous les yeux de Sakumi puis inciter cette dernière à se faire des films ensuite. Elle se sent toute puissante d’un droit de cuissage qu’elle a sur le héros et dont Sakumi serait dépourvue. Elle donne naissance à des tas de petites actions/tensions qui vont animer notre shôjo.


>> Il faut savoir que l’idée maîtresse de notre shôjo (c'est à dire l'idée que la persévérance de l’héroïne fait qu’elle mérite le héros) donne souvent de mauvaises idées à la méchante rivale. La pauvre va croire que parce qu’elle a enduré une souffrance (et en porte encore les marques) elle mérite elle aussi l’amour du héros. Il faut dire pour sa défense que la notion de l’amour dans le shôjo est telle que cette façon de penser n’est pas tellement plus absurde.
"Higuratoshi ! J’ai chopé des vergetures rien que pour toi. Ça y est, tu m’aimes ?"

La méchante rivale peut être une ex du héros (le classique de l’ex qui revient), une groupie, ou encore, un de mes concepts préférés : la "connasse de meilleure amie". 

Sachant que le concept de l’amitié dans le shôjo c’est un peu comme le concept de l’amour. Vous êtes la meilleure amie de bidule parce qu’elle mange avec vous tous les midis et qu’en plus, elle vous sourit. Voilà. La connasse de meilleure amie est donc celle qui fait semblant d’être super copine avec l’héroïne (ou l’est vraiment) mais qui fera figure d’obstacle parce qu’elle sera rivale. Le fait que « l’amour » change sa personnalité du jour au lendemain pour en faire une psychopathe ne choquera bien sûr personne. Et quoi qu’elle fasse comme coup tordu, la grande bonté d’âme de l’héroïne fera qu’elle lui pardonnera tout :

« T’es en train de me soumettre à un viol collectif mais je comprends, c’est parce que t'es jalouse. Sans rancune.»

Le grand intérêt de la connasse de meilleure amie, c’est qu’elle peut exercer une pression en raison de son statut (« je suis ta meilleure amie, je te souris plein de fois et je t’accompagne aux toilettes !! Comment oses-tu me faire ça ? ») et créer encore des tensions et prises de tête qui n’ont pas lieu d’être (surtout si c'est censé être une meilleure amie). Rusé. 

- le groupe de (groupies) taré(e)s :
On a parlé du fan-club précédemment, c’est la même chose si ce n’est que parfois ça peut être juste un groupe de vilain(es) qui se réunit pour persécuter l’héroïne, lui dire combien elle est minable et la rendre encore plus méritante.
Pour une raison assez obscure, le groupe de femelles qui adulent le héros souhaite le vouer au célibat. Le devoir leur incombe de faire souffrir quiconque dans la gente féminine s’approcherait trop près de lui, et même quiconque il choisirait lui-même d’approcher. En général, il n’y a pas besoin vraiment d’une excuse valable pour aller persécuter Sakumi. D’ailleurs, en fait, il n’en faut pas. Il est essentiel que Sakumi soit toujours innocente et que ça soit à cause des autres qu’elle se retrouve dans une situation où le groupe de tarés intervient pour l’accabler et lui reprocher des choses selon des principes tenant plus ou moins debout (et dont bien souvent elle s'excusera).

« Comment ça t’oses aimer le même mec que nous ? On va te faire ta peau ! » « Mais… mais  pourquoi vous vous avez le droit et pas moi ? » « PARCE QUE ! »

- la rivale malgré elle :
C’est la nana si belle, si parfaite, populaire et élégante, qui va tellement bien avec le héros (son pendant féminin) et qui va donner un coup à l’amour-propre de l’héroïne (si tant est qu’elle en ait jamais eu). Elle peut être l’ex du héros si vous voulez en rajouter une couche. Son intérêt principal est qu’elle permet à Sakumi de psychoter encore plus et de faire n’importe quoi.

Voilà.

Bien sûr, on peut ajouter une flopée d’autres obstacles. Par exemple la méchante famille et/ou belle-famille (le héros est supérieur à l’héroïne, y’a des chances pour que son alliance avec cette infâme sous-femme de Sakumi pose quelques problèmes). 
Encore une fois, n’hésitez pas à aller dans l’incohérence psychologique la plus totale. Le héros devient de plus en plus doué dans son domaine grâce à l’amour de Sakumi ? Mais ses parents veulent les séparer et lui imposer un mariage sans amour comme ça euuuh… ce sera mieux. Bon ok, il va devenir mauvais et apportera la honte sur la famille mais hmm, comment dire hmm… c’est mieux quand même.

Bref. Les obstacles, réels ou imaginaires, sont innombrables et je ne pourrai tous les énumérer ici. N’oublie pas lecteur qu’il ne s’agit que d’un kit du shôjo facile et non du shôjo ultime. Je te donne quelques éléments grossiers et idées générales, il ne tient qu’à toi ensuite d’affiner ta construction et de la compléter. Tu as des pistes, tu as de quoi t’entraîner. Que la joie te submerge et puisses-tu avoir une pensée émue à mon égard quand tu signeras « fin » en bas de la dernière case.

Je vais pouvoir aller prendre mon bus pour me rendre au supermarché, c'est qu'il va être cinq heure, faudrait quand même pas que je rate l’heure de pointe.



(Source des extraits de mangas : http://www.mangareader.net, http://www.mangafox.com/, http://manga.animea.net/)

Le shôjo en kit, partie 3.1

(Rappel, les extraits de mangas se lisent de gauche à droite.)


Ô lecteur, si le temps t’a paru long, sache qu’il a filé pour moi tel le grand condor dans le ciel bleuté, tandis qu’Estéban ramassait Zia qui a chuté. Mais j’ai pensé à toi, toi qui a ce shôjo quasi monté entre les mains et dont il ne reste que quelques pièces à assembler avant de pouvoir l’encadrer fièrement et dire à tes amis c’est Vea…moi qui l’ai fait ! Je t'ai même préparé deux articles pour le prix d'un, pour rattraper mon absence.

Si entre temps tu n’as eu aucune idée de comment avancer ton shôjo, je ne te dirai pas que tu es un assisté, mais je le penserai très fort.

Car ce que nous allons voir aujourd’hui, c’est du bonus, c’est l’écharpe à carreau de ton héros, c’est la mèche rebelle dans le dégradé de l’héroïne. Avec la partie 1 et 2 de ce kit, je te l’ai dit et je te le redis : tu as de quoi construire un shôjo tout à fait honorable.

Lecteur, ton manque de foi m’accable mais je le mettrai sur le compte de nos liens qui sont encore si frais et fragiles. J’appelle donc d’abord à ma rescousse, la puissance de Ao Haru RideLe prototype ultime du shôjo où il ne se passe rien.
Une héroïne au grand cœur + un bel héros taciturne et mystérieux >> une absence totale de communication efficace = 11 chapitres de vide intersidéral à base de « Ah lala, très certainement, il ne m’aime pas. Ah lala, il est si beau, je vais le renifler/suivre/observer… Non je ne suis pas une psychopathe, non. »

Et des fans qui t'expliqueront combien (et bien mieux que moi) c’est génial, tout ça.

Là, tu me crois maintenant ? Alors tu penses bien qu’entre ton héroïne qui va paniquer toute seule et se faire des films quand Higuratoshi croisera un quart de seconde son regard à la cantine, et Higuratoshi qui va la sauver des mille et un obstacles qui parsèment un trottoir ou un couloir de lycée, tu l’as ton shôjo ! Et t’as pratiquement déjà tes fans qui t’attendent alors que t’as encore rien fait.

Mais voilà, il te reste quelques scrupules. Pas que ça te dérange d’arnaquer le lecteur hein, mais comme tu es un esthète, tu as envie de faire ça dans les règles de l’art. Et je te comprends. Entuber, d’accord, mais pas n’importe comment, tu as des principes. 
Et puis, à avancer à l’aveugle comme ça, tu risquerais d’entuber le lecteur avec des techniques originales, alors que ton but reste de suivre la trace des anciens et de leurs écueils (si tu es vicieux, je te conseille cependant de taper dans les techniques d’entubage originales, à base de néo-réalisme et de néo-psychologie, ce sont elles qui mettent le doute et feront croire aux lecteurs qu’ils lisent un shôjo d’un nouveau genre, un shôjo original, un shôjo intelligent. Alors que non, ils lisent juste Ao Haru Ride).

C’est donc ici que j’entre en action. Je vais supposer que l’abus de takoyaki a rendu tout mou ton cerveau et je vais donc répondre à ces quelques questions inutiles qui te taraudent pour te permettre  d'avancer serein dans la voie du shôjo facile.

Tu as créé Sakumi et Higuratoshi et tu te dis « Me voilà bien avancé ! Qu’est-ce que j’en fais ? Il faut qu’ils tombent amoureux l’un de l’autre… mais comment ?? »

Il va de soit que tu es déjà en train de te prendre la tête pour rien (lire trop de shôjos t’aurait-il donné cette mauvaise habitude ?) Sakumi tombe amoureuse d’Higuratoshi parce qu’il est hot. Et Higuratoshi tombe amoureux de Sakumi parce qu’elle a son petit truc en plus. Point. Ça peut te paraître trop flou, à toi qui aimes tant fouiller la psychologie du personnage et qui as besoin de rationnaliser tout ça. Quoi de mieux alors que de matérialiser sous les yeux des lecteurs la naissance de l’amour, grâce à ces quelques raisons possibles (toutes réelles et approuvées par le Comité de Création de Shôjo).

>> L’héroïne va tomber amoureuse du héros:
- parce que le héros l’a effleurée.
- parce qu’elle s’est retrouvée collée à lui (dans le métro/bus) et son petit cœur a fait dokun-dokun-dokun

« Cette… cette sueur dégage une cosmo-énergie qui a raison de mon coeur. Je l’aime. »

- parce que le héros est amoureux d’elle ou lui a dit qu’il l’aimait.
- parce que héros a mis ses doigts dans sa culotte (si, si ).
- parce que le héros l’a ramassée/protégée.
- parce que héros est beau et l’a embrassée.
-parce que le héros lui a rendu service et qu’il est gentil.
- parce que le héros est cool.
Etc.

Ces raisons vous paraissent maigres et superficielles ? Dois-je vous rappeler que Chiwa elle-même nous avoue que tout ce qu’elle recherche, c’est un type gentil, capable de se prendre en charge tout seul et plus grand qu’elle (il lui faut définitivement un héros de shôjo) :
"Oh ben moi hein, vous savez, tant qu'il chausse du 47..."

>>Le héros va tomber amoureux de l’héroïne :
- parce qu’elle va un jour avoir l’idée d’avoir une personnalité et lui dire en face ce qu’elle pense (rassurez-vous, ça n’arrivera qu’une fois).
- ou l’inverse : 
"Mais... mais tu PARLES ? C'est décidé, je t'aime."

- parce qu’elle va lui soigner un bobo.
- parce qu’elle est si maladroite que c’en est attachant.
- parce qu’elle est gentille/lui a rendu service (ça leur fait un point commun remarquez).
- parce qu’elle est si pure et innocente.
- parce qu’elle fait un truc qui est une 1ère dans la vie du héros, peu importe quoi.

"C’est la première fois qu'on rejette ma beauté ! C’est le… le… critère ultime ! Je t’aime Sakumi !"


Etc.

Ou… parce qu’on ne sait pas. Comme dans Kindan no koi de ikou : « on se connaît pas, on couche ensemble, ça y est on est un couple et on s’aime plus que tout, même au-delà de la mort ». Oui, je vous le disais, il n’y a bien que vous pour vous embêter avec ce genre de détails.

N.B. : S’il vous vient l’idée loufoque de vouloir justifier plus avant l’amour de vos personnages, je sais pas moi, par exemple parce que l’héroïne admirerait un trait moral du héros, pensez à semer un peu de manque de logique par-ci, par-là, histoire de rattraper cette flagrante erreur. Prenez un peu exemple sur Hapi Mari :
l’héroïne admire l’honnêteté et la droiture d’esprit du héros >> elle l’aime. Il semble ensuite que le gars ne soit qu’un vile manipulateur qui lui ment/se sert d’elle >> peu importe, elle l’aime quand même. Comment ça, dans ce cas-là elle ne devrait plus l’aimer puisqu’elle se trompait à son sujet ? Mais les gars, vous allez arrêtez avec votre logique, là, au placard. Vous oubliez.

Bon ! Nous avons à présent des éléments solides pour construire une relation durable. Higuratoshi va tomber amoureux de Sakumi parce qu’elle est la seule de l’univers à s’inquiéter pour lui quand il a fait tomber son stylo. Quant à lui, il va avoir l’idée saugrenue (mais non moins géniale) de passer son index dans les cheveux soyeux de Sakumi pour la remercier, et elle va tomber amoureuse.

On se demande véritablement ce qui pourrait empêcher ce bel amour de durer...

Une première chose essentielle à retenir si vous voulez que les choses se passent bien : progressez toujours avec lenteur et manque de logique

Si vous allez trop vite ou pire, si vous faites preuve de logique, votre shôjo reposant sur des bases aussi bancales qu’une absence d’histoire et une absence d’amour crédible, vous risquez de faire voir au grand jour les failles de votre œuvre. Un peu de logique à un endroit, et tout le manque de logique ailleurs risque de paraître plus gros que le nez d’un gaijin au milieu de sa figure ! Tout irait trop vite ou serait résolu en un instant. Voire, aucune histoire ne serait possible.

Remarquez, ce serait éminemment subversif. Mais cela ruinerait votre entreprise. Ainsi, ne soyez pas étonnés si toutes les choses que nous allons voir par la suite ont en commun le fait de paraitre absurdes. Les ¾ des épisodes et personnages de votre shôjo seront absurdes, ou agiront suite à des pensées et motivations absurdes. Vous vous êtes toujours demandé pourquoi, ben maintenant vous savez.

Passons à présent aux choses sérieuses. Higuratoshi et Sakumi ont tout pour s’aimer (ou découvrir qu’ils s’aiment), mais de terribles obstacles vont s’élever sur la route qui mène au bonheur et créer un peu d’action. D’où vont-ils venir ?
Eh bien tout d’abord, de nulle part. Nous allons tout simplement nous servir des caractéristiques naturelles de nos deux héros pour les faire apparaître. C’est le pouvoir de l’illusion scénaristique.

Ce que je vais appeler ici l’illusion scénaristique, c’est tout ce qui va consister à faire croire au lecteur qu’il se passe quelque chose (tension, action, suspens …) quand il ne se passe absolument rien. C’est vraiment un concept sur lequel va reposer l'essentiel de votre shôjo. Voici quelques exemples de classiques créés grâce à ce concept :

1 La fausse embrouille :
Le héros ne fait PAS quelque chose (il ne trompe pas l’héroïne, il ne lui dit pas qu’il ne l’aime pas etc.). L’héroïne croit qu’il le fait (suite à une excuse bidon). Les deux ne vont pas s’expliquer (on a vu ça précédemment), ou très mal et en surface. Et l’héroïne va donc agir en conséquence (fuir/le frapper/aller voir ailleurs/piquer une crise…) >> Tension dramatique ! Obstacle !

Ce concept est large, il reprend tout ce qui tient aux « prises de tête » de l’héroïne qui vont l’amener à se créer des problèmes à partir de pas grand-chose (par exemple, à cause de l’attitude ambiguë d’Higuratoshi et ces moments « étranges » où il va l’ignorer par amour, la violer par amour, ou quand il va oser oublier la St Valentin etc.).
Ou à partir d’embryon de problèmes ou de soucis qui pourraient être réglés si l’héroïne se servait de son cerveau et/ou de son corps : par exemple Sakumi va égarer un objet que lui a offert le héros et plutôt que de lui en parler, elle va psychoter, le fuir, être insupportable avec lui etc.

Ou même à partir de trucs plutôt sympas mais qui, pour une raison liée à l'absurdité nécessaire à tout bon shôjo, vont faire criser l'héroïne :

"Hein ? Comment ça tu trouves que je suis la plus mignonne !! Prends ça, connard !"


De même, lhéroïne va choisir, volontairement, de se mettre dans la merde. Même si elle sait certaines choses et pourrait agir en conséquence, elle va choisir de ne pas le faire. Cela va donner droit à des scènes où l’héroïne va penser « Ah lala je suis en train de me faire entuber car c’est un connard » et où elle va tout de même se laisser entuber comme si elle ne savait pas. Voilà de quoi créer de l’action à pas cher.

Rappel : vos personnages agissent à l’inverse de la logique. Un problème ? Je rechercherai bien une solut… Non ! >> Un problème ? Je l’amplifie. Une situation délicate ? Et si je m’en sortais… Hmm je me baigne dedans, je vais même y faire des figures artistiques, hop-là. (Nana-Hachiko est passée maître en la matière, toute autre héroïne devrait se former auprès d’elle).

Je crois bien qu’il n’y a que dans un shôjo qu’un couple peut se séparer et ne plus se parler pendant au moins 10 ans avant de découvrir que haha, c’était un malentendu haha, le gars ne te trompait pas, il ne s’est même rien passé.

Et voilà,rien qu'avec ça, la moindre situation va prendre 4 chapitres à se résoudre au lieu de deux bulles de dialogue, merci qui ? Merci Mamie Vea. Voyons la suite dans un article suivant, pour le confort de vos yeux...




(Source des extraits de mangas : http://www.mangareader.net, http://www.mangafox.com/, http://manga.animea.net/)

jeudi 17 novembre 2011

Le shôjo en kit, partie 2

(Rappel, les extraits de mangas se lisent de gauche à droite.)


Cher lecteur, je te sentais fébrile et anxieux. Aussi, dans un second accès de bonté, je me suis dépêchée de terminer cet article que tu attendais tant. Evidemment pendant ce temps, tu en as profité pour brosser une Sakumi digne du shôjo que nous lui préparons.

>>Nous avons donc Sakumi, ordinaire, moche-jolie, courageuse et au grand cœur. Orpheline, elle a été élevée par son oncle. Elle a une malformation légère du tibia.
Elle aimerait bien réaliser un golem en coquille d’huîtres, afin de l’offrir à son oncle mourant, ancien ostréiculteur ruiné (élevage ravagé par la maladie et/ou un typhon). Elle veut lui remonter le moral et lui montrer que toutes ces coquilles vides n’auront pas perdu leur sens. 
Maladroite et peu habile, malgré ses doigts qui saignent, elle n’abandonnera pas. Sakumi est méritante.
Sakumi va tomber amoureuse du héros, qui va tomber amoureux d’elle, et ils vont rencontrer des obstacles.

Mais avant de pouvoir étoffer ce scénario (je sais qu’il se suffit à lui-même tant il est prometteur, mais ne soyons pas radins), intéressons-nous au héros.
C’est simple et efficace :

>> Ton héros ne sera pas ordinaire, il sera beau, le meilleur dans son domaine, et attractif (oui, attirant aussi si tu veux, mais attractif est plutôt le bon terme).

Autant pour Sakumi, on peut douter, autant pour le héros ce n’est pas permis. Non il n’est pas moche/joli, et il est encore moins commun. Non. Jamais. Nada. Tu oublies ça, au risque de faire un shôjo original (également appelé « shôjo récent »). Les amis, on l’a dit, on ne le répétera jamais assez : Sakumi est méritante. Il faut donc concevoir le héros un peu comme le 1er prix d’une tombola.

Si vous créez des personnages mâles secondaires, concurrents du héros, la logique restera la même, simplement, il faudra les concevoir comme le 2e prix, 3e prix, et si besoin, le lot de consolation :
Hanzo super-super-super ninja   / Goemon, super-super ninja  / Ranmaru dark-super-ninja

Yukimaru, bon phytothérapeute

Pour étoffer le héros, si j’étais mauvaise langue, je vous dirais très grossièrement que ce n’est pas grand-chose : il vous suffit simplement de partir de vos propres complexes et fantasmes, que vous gonflez puissance 1000. Emballé c’est pesé, fin de l’article, je vais pouvoir aller prendre le bus pour faire le tour des supermarchés.

Que nenni, quelle vision réductrice des choses ! Non, diable non, je ne suis point comme cela. J’ai le plus grand respect pour le travail psychologique de longue haleine qu’il faut mener, afin de créer un héros de shôjo digne de ce nom. 
Nous avons donc à présent Higuratoshi (Kuro de son prénom) qui sera notre 1er prix de tombola. Pour étoffer Higuratoshi, quelques caractéristiques me semblent tout d'abord essentielles :

1) Higuratoshi est un prince :

Que ton  héros soit sympathique ou antipathique, bienveillant ou violent, brillant ou ténébreux, ton héros est un prince. Rappelle-toi que ce n’est pas pour rien qu’il est attractif, et qu’il n’est PAS ordinaire (alors autant qu’il soit extraordinaire).

Bien sûr,  c’est une expression. Encore que, si tu es un individu totalement dénué de honte, tu peux littéralement en faire un vrai prince. Soit en inventant un royaume imaginaire dans notre monde, soit, vaguement plus subtil (il te reste quelques scrupules), en situant ton histoire dans un monde imaginaire et/ou ancien, peuplé de rois et reines.

« Prince » est un concept large donc, qui peut être littéral ou métaphorique. L’idée est que le héros trône au-dessus de quelque chose, d’un groupe d’individus, ou carrément des deux. Tout dépendra du contexte, mais dans ton microcosme shôjoesque, Higuratoshi est au-dessus de tout le monde.

>>Il peut être prince par ses origines, il est alors :
- fils du propriétaire de l’immeuble
- fils du proviseur du lycée
- fils du poney-club où sévit l’héroïne (je serais très étonnée que ça n’ait pas déjà été fait. Un kinder surprise à celui qui me trouvera un shôjo de la sorte).
- fils d’un brillant business man
- fils d’un parrain de Yakuza
- fils de 1er ministre
- fils de président
- fils de seigneur/noble
- fils de roi,
- fils d’empereur
- fils du maître du monde
- fils de démons
Etc. (lecteurs, choisissez bien suivant vos propres orientations/fantasmes. Si vous êtes plutôt fleur-bleu : Higuratoshi est le fils du dieu de l’amour. Vous êtes goth : Higuratoshi est le fils d’un terrible dark-démon).

Si vous êtes bons élèves, vous aurez déjà compris qu'on peut bien sûr combiner : Higuratoshi est le fils du roi des démons, fils du roi des vampires, fils du roi des poney-clubs etc. (Hmm, je pense qu’il est temps que quelqu’un réalise un fan-art de Kaname en fils du roi des poney-clubs…). Il est important qu’il soit héritier d’une fortune/tradition/les deux, qui le place au-dessus du reste.

Dans un Josei, on insistera moins sur ses origines, et vous pouvez (allez-y, n’ayez pas peur) faire de même dans votre shôjo (ici de toute façon, je mets tout le monde dans le même panier, n'en déplaise aux puristes). Le héros sera alors déjà propriétaire de l’immeuble/patron de la boîte/roi/dieu/démon etc. Oui, dieu/démon, oh, prrff, on n’est plus à ça près. Le héros peut tout à fait être le prince des démons (hélas, c’est déjà pris ) ! N’hésitez pas à aller loin. Retenez ça. Dans un shôjo, vous pouvez toujours aller plus loin.

>>Mais Higuratoshi peut aussi être prince par son propre mérite, il est alors :
- le 1er de la classe
- le meilleur athlète de sa catégorie
- le meilleur chanteur (de sa classe/ de génération/du monde…)
- le meilleur acteur (de sa classe /de sa génération/ du monde…)
- le meilleur combattant
- le meilleur garde du corps
- le plus grand de tous les chevaliers (à ceux qui me diront « mais c’est Lancelot ça ! » je vous dirai « oui, et il y en a qui  l’ont fait »).
- l’homme le plus classe du monde
Etc.
Higuratoshi est le meilleur dans son domaine. Higuratoshi fait du vélo ? >> Non ! Higuratoshi est le plus jeune athlète cycliste semi-professionnel de la région/du pays.

Et je vous vois venir : peut-on combiner plusieurs caractéristiques princières ? Mais oui ! Higuratoshi est le riche héritier d’une ancienne famille de la noblesse, mais c’est un rebelle qui dirige un gang de yakuzas tandis que son père est le directeur d’une grande entreprise de détergents. Le week-end, il fait du mannequinat. Et le soir il est poète (il vient de gagner un concours).

Parfois, des audacieux mettent quelqu’un encore au-dessus du héros. Pour faire original. Vous pouvez, tant que le héros reste préférable à ce quelqu’un.

Si vous avez choisi (dans un accès de rébellion) de faire d’Higuratoshi, je ne sais pas moi, un employé à l’assainissement de la ville par exemple. Ce ne sera bien sûr qu’un leurre. En réalité, si Higuratoshi est éboueur le jour, il est le meilleur [métier/passion/sport à insérer au choix] de tous les temps.
Il se peut bien qu’il ne soit d'ailleurs éboueur que pour une raison dénotant sa noblesse de cœur (honorer le vœu de sa défunte mère, sauver l’héroïne etc.)

Sommes-nous bien dans un shôjo ?

Oui.

2) Higuratoshi est celui qui aime le plus Sakumi

Quelle que soit sa façon de le montrer, c’est lui qui aime Sakumi plus-que-tout-le-monde. Sakumi peut vivre enfermée dans un placard, tant qu’elle a l’amour d’Higuratoshi, tout va pour le mieux (au moins le temps de 2 chapitres). Son amour va se manifester de différentes manières, suivant les autres caractéristiques que vous lui avez choisies, suivant celles des concurrents potentiels, et suivant votre propre perception du bon/mauvais amour. 

Cela peut être gentillet mais n’hésitez pas à aller dans les extrêmes, après tout, c’est Higuratoshi, ce n'est pas n’importe qui. Pourquoi ne pas le faire aimer Sakumi au point de détruire les murs sous la force de ses poings quand il apprend qu’elle a éternué sur un autre type (comment ose-t-elle éternuer sur d’autres Hommes ?!), au point d’attraper un ulcère à force de contenir la force de ses sentiments etc. (voyez toutes ces bonnes idées que je vous offre en prévision de la suite). Il peut aussi bien se sacrifier pour le bonheur de Sakumi, que la tyranniser, tout dépend de votre notion de « ça c’est de l’amour, du vrai. »

Ainsi, rassurez-vous, même si vous avez choisi « le prince des salopards » en critère 1, il ne sera pas incompatible avec ce critère 2. Il faudra juste adapter ça à « sa façon d’aimer » (il a eu une enfance difficile etc.) :
"Tu m'excuseras Sakumi mais là, je t'aime tellement, il faut que je te viole."


C’est son amour (plus que sa relative perspicacité) qui lui fait voir les véritables qualités (lesquelles, nous ne savons pas exactement) de Sakumi, et combien elle est jolie sans ses lunettes. C’est dire donc, s’il faut qu’il l’aime pour que ça fonctionne.

3) Higuratoshi fait paniquer Sakumi

Alors ça peut être parce qu’il parle peu et/ou mal. Ou parce qu’il est friand de situations ambiguës, ou encore, parce qu’il lutte contre lui-même, ou parce qu’il lui offre des donuts… les idées ne manquent pas.

"J'adore cette femme mais comment le lui faire comprendre ? Ah, je vais essayer de l'ignorer, ça marchera sûrement..."

Le classique restant de faire un gars sympa/pas sympa, qui change d’avis et d’émotion très rapidement et fait subir tout ça à l’héroïne : je t’aime/je t’aime plus, je te respecte/tu ne vaux plus rien, etc. Il n’est pas bipolaire, attention. Il aura toujours une bonne excuse (que Sakumi comprendra en rejetant finalement la faute sur elle. Et elle aura bien raison).

Bref, avec tout ça, Sakumi ne sait plus à quoi s’en tenir et c’est dire si ça la fait presque autant paniquer que l’idée de descendre un escalier. Vous pouvez d’ailleurs faire une scène où le héros a la bonne idée de la faire paniquer, dans un escalier.

Je vous le dis tout de suite, ce type est un sadique.



4) Higuratoshi est le protecteur/le sauveur

Alors un peu ou beaucoup, c’est selon,  mais Higuratoshi protège Sakumi (qui est faible et impotente je vous le rappelle). Je ne dis pas qu’il s’y prend toujours bien, allez tenez, encore un p’tit coup d'Haou Airen, je sais que vous aimez ça :
Hakuron a tout compris, c'est la formule '2 pour le prix d'un' du sauvetage à pas cher : Je vais te tuer >> je le fais pas = je t'ai sauvée.

Mais la plupart du temps, l’idée c’est plutôt de ramasser Sakumi quand elle tombe :
"Tu es sûre que tu ne veux pas te faire opérer pour ton tibia ?"


Ou d’essayer de lui soigner cette fichue cheville :
"J'te l'ai fait pas trop serré, histoire d'avoir une autre occasion de te ramasser."

Higuratoshi est équipé d’un gps spécial sauvetage de Sakumi qui lui permet de se trouver là où elle se fait agresser les ¾ du temps.
"Ah tu tombes bien ! Justement je me faisais agresser."



5) Higuratoshi est plus grand que l’héroïne.

Non, ne cherche pas, s’il est plus petit, tu es en train de faire un shôjo original, tu restreins bien trop ton public. Higuratoshi est plus grand, point.

Voilà, nous avons donc à présent Higuratoshi, mannequin-noble demi-dieu qui aimera, protègera et fera paniquer Sakumi. Vous pensiez que ça serait suffisant ? Vous pensez que, parce que les caractéristiques suivantes sont classées comme secondaires, s’en passer ne ruinerait pas votre shôjo ? Si. Ça le ruinerait. D’ailleurs, j’ai longuement hésité à classer certaines d’entre elles comme « essentielles ».

- Higuratoshi est populaire :
Vous pensez bien, avec toutes ses qualités, Higuratoshi a généralement du succès. La gente féminine va baver sur ses pas, et ne cesser de dire qu’il est quand même tellement beau/puissant/grand/bon pianiste etc.
Cela permet notamment de le mettre en valeur aux yeux de l’héroïne dans le cas où elle aurait la très saugrenue idée de ne pas s’intéresser à lui, sous prétexte qu’il serait « trop insupportable/méchant/beau de toute façon ».
Cela sert principalement à renforcer son statut de 1er prix. Qu’est-ce qu’un 1er prix de tombola que personne ne souhaiterait gagner ?

Vous pouvez matérialiser cette popularité de différentes manières, le plus classique (et non moins discret) reste tout de même le « club de fans » (club qui pourra nous servir par la suite pour constituer les embûches. Voyez, tout se recoupe).
Parce qu'un dessin vaut mieux qu'un long discours

Eh oui, il en est là le pauvre Higuratoshi, à force de jouer de la guitare entre deux cours et de toujours gagner ses matchs de basket,  les filles ont décidé de s’associer pour l’admirer d’un commun accord.

NB : Cette idée de popularité n’est pas incompatible avec un antihéros asocial. Oui on dirait pas comme ça. Mais c’est la magie du shôjo. Vous commencez par présenter un type asocial que tout le monde semble mettre de côté et dont personne ne veut, car il est si sombre/mystérieux (nous verrons ces points plus en détail par la suite).
Puis vous zoomez et en fait, l’héroïne se rend compte qu’il fait envie à des tas de nanas (juste qu’elle ne les avait pas encore croisées jusqu’à présent).

- Higuratoshi est adulé-respecté-craint.
Cela peut découler des caractéristiques précédentes mais n’hésitez pas à en rajouter une couche.

- Higuratoshi est socialement/financièrement/professionnellement… supérieur à Sakumi.
Comme la précédente, cette caractéristique est quasi-essentielle, même si elle se retrouve ici. Hélas, il arrive en effet qu’Higuratoshi ait le malheur d’être son serviteur/garde du corps. On basculera alors bien sûr, sur sa supériorité intellectuelle (ce qui reste encore le plus crédible et efficace). Si vous avez peur de ne pas être assez original, vous pouvez toujours commencer par parler de supériorité, puis, par un retournement de situation, dire que haha, non en fait, Sakumi, tu croyais que tu n’étais qu’une ramasseuse d’huîtres mais en réalité tu es l’héritière d’une puissante famille etc.

- Higuratoshi a vécu une tragédie.

- Higuratoshi a une part sombre en lui (par exemple, il est fétichiste. Ou vampire. Ou les deux. Ou alors c’est lié à sa tragédie).

- Higuratoshi est noble de cœur et d’âme.

- Higuratoshi est un véritable enfoiré.
Non, ce n’est pas incompatible avec la précédente caractéristique. Il suffit que sa tragédie ait fait de lui un être au cœur froid en apparence, mais qu’en fait dans le fond, ce n’est qu’un enfant blessé en quête d’amour. Il peut aussi faire simplement semblant d’être un enfoiré, justement parce qu’il pense ne pas mériter l’héroïne, si ça ce n'est pas être noble de cœur…

- Higuratoshi est mystérieux :
Secondaire la plupart du temps, cette caractéristique devient essentielle si vous avez choisi un héros sombre etc. Vous pouvez alors recommencer l’histoire du avec lunettes/sans lunettes et l’adapter (avec lunettes et/ masque il est méconnaissable, sans lunettes/masque on le reconnaît etc.)

- Higuratoshi a plus d'un prétexte fallacieux pour se balader torse nu/à poils devant l’héroïne de façon ingénue.
"Ben quoi, je vois pas le problème."

- Higuratoshi est intelligent (enfin, c’est ce qu’ont l’air de penser tous les personnages).

- Higuratoshi cuisine très bien/très mal (suivant que vous voulez qu’il bichonne l’héroïne, ou qu’elle le bichonne)

- Higuratoshi a une âme d’artiste

- Higuratoshi est un peu rebelle

- Higuratoshi est courageux (ah un point commun avec Sakumi)

- Higuratoshi est le prince charmant parfait : doux, tendre, compréhensif, conciliant...

- Higuratoshi n’est pas le prince charmant parfait : violent, agressif, buté, tyrannique…  encore une fois, ce n’est pas si incompatible (sa tragédie a fait de lui un être qui ne sait exprimer son amour que par la violence, c’est sa façon d’aimer, rappelez-vous (je sais que ça vous manquait)) :

C'est sa façooooon d'aimer...

- Hiruratoshi est blond si le concurrent numéro 2 est brun. Et vice-versa. Dans le cas où Higuratoshi et le concurrent numéro 2 seraient tous les deux bruns, le concurrent numéro 3 sera blond. Je réfléchis à en faire une sorte de théorème…

- Higuratoshi a des défauts qui sont des qualités.

- Higuratoshi est un dieu du sexe (il a multiplié les conquêtes avant Sakumi).

- Higuratoshi est un coureur de jupons (mais ne donne son cœur qu’à Sakumi).

- Higuratoshi trouve le corps de Sakumi tellement irrésistible qu’il a souvent du mal à « se retenir. »

- Higuratoshi pense que Sakumi est tellement faiblarde que le fait de lui faire l’amour risque de l’endommager.

- Higuratoshi est monomaniaque (et exige que sa nana soit de même "ne regarde que moi, ne vis que pour moi " etc.)

Pfffiou, je ne saurais tout énumérer, mais nous avons ici suffisamment de quoi faire un héros tout à fait respectable.

Parfait, lecteur frénétique ! Tu as à présent ton scénario, ton héroïne et ton héros. Nous avons semé assez d’éléments pour étoffer le scénario et permettre à l’histoire de durer. Mais si tu crains pourtant d’être trop vite à cours d’idées, de rater les clichés les plus importants ou de ne pas savoir comment  avancer tout seul, sois tranquille. 
Nous verrons dans le prochain article les éléments qui te permettront de construire plus avant ton histoire et de finir de monter ton kit du shôjo facile.




(Source des extraits de mangas : http://www.mangareader.net, http://www.mangafox.com/, http://manga.animea.net/)