dimanche 30 septembre 2012

Petit Intermède


Mes pauvres enfants, comme la vie est dure. "Kimi wa Petto" n'est pas aussi mauvais que je l'aurais souhaité et je ne sais si je dois ou non poster ma chronique à son sujet. En attendant, j'ai décidé tout de même de vous donner de quoi patienter et vous divertir.

Je vous offre, gorgée d'amour et de bienveillance, un texte fait de "mais", de répétitions et de contresens. Un texte d'une logique douteuse et truffé de tout ce qu'un auteur bien pensant aurait honte de formuler. Je vous offre un texte si proche des oeuvres qui l'ont inspirées que je ne peux le qualifier de parodique. Je vous offre un cousin du shôjo (par alliance).

Car oui, sautant sur cette parenté à pieds - chaussés de mules japonaises - joints, je vous offre ma contribution à la littérature à l'eau de rose, et autres "Aventures&Passions". Bonne lecture :


- Envoûtés par la passion du désert d’Irlande -


La lune était haute, mais Eribellina Smyton n’en avait cure. Elle songeait qu’elle devait s’éloigner au plus vite de Pembervelin House au risque de succomber à l’attrait de son délicieux propriétaire…
Oh non ! Ça, jamais ! C’était impensable ! Elle détestait Lord Davrell de Darksmexfield Tanaka McKillmore El Nabi Von Stöppel ! Il était l’arrogance en personne ! Pensait-il que sa beauté et sa richesse l’autorisaient à la traiter comme il l’avait fait ? Que sous prétexte qu’il était petit-fils de cheikh, et descendant des plus grandes lignées d’Europe et d’Asie, il pouvait tout se permettre ?
Il avait osé lui faire cette proposition affreuse ! Il avait osé menacer de dévoiler son secret à la face du monde si elle refusait de le suivre ! Rien que d’y penser, et elle sentait la rage ébranler tout son être. Mais c’était une femme forte, une femme de caractère, fière et intelligente. Elle ne cèderait pas !
Elle s’assit à sa coiffeuse et commença à lisser ses magnifiques cheveux blonds aux reflets auburn. Quand elle eut fini, elle observa les anglaises qui encadraient son visage avec douceur et lui donnaient un air farouche. Elle n’était qu’une pauvre et insignifiante femme de ménage. Pourquoi s’était-il intéressé à elle ?
- Vous êtes superbe, cara mia

            Lord Davrell se tenait derrière elle, sa haute et puissante silhouette se découpant dans l’encadrement de la porte. Son visage reflétait une sincérité touchante et ses yeux d’un vert émeraude, plus beaux que tous les joyaux du monde, brûlaient de passion. Sa voix chaude et vibrante fit frissonner Eribellina comme s’il venait de glisser sa main sur ses hanches.
Captivée par sa présence magnétique, son physique de dieu grec et son sourire ravageur qui mettait parfaitement en valeur la sensualité de ses lèvres, Eribellina commença à bafouiller quelques mots insensés.
- Les huîtres… chameau… accordéon…
- Vous tremblez, gaol mo chridhe, vous ferais-je peur ?
Il avança vers elle avec une grâce indolente. Il était si proche qu’elle pouvait sentir la suave et subtile fragrance de nuoc-mâm qui émanait de lui.
Tout en cet homme si sûr de lui exprimait l’assurance, le sex-appeal, et l’autorité. Mais s’il était beau et possédait une réputation d’amant expérimenté, elle le savait froid, cruel et impitoyable.
 Elle ne devait pas succomber à sa présence envoûtante qui lui faisait tourner la tête, réveillant en elle des désirs aussi dangereux qu’inconnus. Elle ne devait pas céder à l’envie irraisonnée de plonger ses doigts dans sa sombre chevelure pour s’assurer qu’elle était aussi soyeuse qu’elle le paraissait.
Elle se mordit les lèvres, donnant un éclat rouge à sa bouche pareille à des quartiers de tomates bien fraîches.

Les yeux brillant comme des diamants du Poitou, Lord Davrell la fixait, le visage impénétrable. Elle était belle. Plus belle que toutes les autres, encore que d’une façon différente. Il admirait ses longues jambes galbées, sa peau claire, et ses yeux d’un bleu vif qui étaient les plus beaux qu’il ait jamais vus.
Que lui avait donc fait cette femme pour qu’il ait autant envie d’elle ? Elle était si différente des autres. Toutes les femmes qu’il avait connues jusqu’alors ne pensaient qu’à son or et à son physique, car il était incapable de varier son cercle de relations pour en rencontrer d’autres. Certes, Eribellina aussi pensait à son or et à son physique, mais… ce n’était pas pareil. Et elle était la première à se refuser. Ou plus exactement, à lui dire « Non » tout en lui tendant ses bras délicats. Il recula de quelques pas, s’assit dans le fauteuil avec une nonchalance irrésistible et entreprit de se limer les ongles.

Cela allait trop loin. Tout son être irradiait d’une telle sensualité qu’Eribellina tressaillit. Son corps la trahissait, les pointes de ses seins s’étaient dressées en le voyant faire et la fine robe de nuit en soie du Pérou qu’elle avait enfilée ne faisait rien pour dissimuler ce détail.
Il lui adressa un sourire narquois et indiqua le grand lit à baldaquins depuis sa lime.
- Je vois que l’on a oublié de vous fournir une couverture. Vous risquez de prendre froid. Voulez-vous que je vous serve de couverture pour cette nuit, habiba ?
            Ce fut comme un choc pour elle. Elle se rappela soudain combien cet homme ne considérait les femmes que comme des marionnettes entre ses doigts. Elles étaient des conquêtes dont il n’avait cure ! Elle n’avait aucune envie de lui succomber et était bien trop intelligente pour cela !
            Mais qui pourrait résister à l’appel de ses beaux yeux qui rappelaient les plus touffues forêts d’Auvergne ? Elle le haïssait. Elle voulut lui crier « Allez-vous en !! » mais murmura dans un gémissement d’extase :
- Lord Davrell…
- Appelez-moi par mon prénom.
- Rafaello…
            Comment ne pas s’offrir à cette voix si profonde et troublante, à ces épaules larges et musclées, à ce torse puissant et redoutable ?
De sa puissante stature se dégageait une virilité primitive, Lord Davrell était telle une bête sauvage qu’il valait mieux ne pas approcher. Il était plus qu’un bel homme, il était la perfection masculine incarnée. Et il était dangereux. Si Eribellina lui cédait, elle perdrait tout, et pour quoi ? Pour une nuit d’extase ? Cela n’en valait pas la peine. Et que penserait-il d’elle ?
 Mais elle aurait tout fait à cet instant pour qu’il la couvre de caresses enfiévrées. Elle passa sa langue sur ses lèvres sèches, ne parvenant plus à détourner son regard de ses pupilles noires et dilatées, et s’écria tout bas :
- Oh oui, viens…

La suite sur réclamation au prochain intermède...

 

lundi 4 juin 2012

La magie du printemps


J'étais sous les cerisiers en fleurs, mon shamisen à la main, grattouillant quelque farouche composition des Frères Yoshida avec passion, malgré l'arthrite, quand soudain je me suis dit que la vie était suffisamment injuste comme cela. Et que je me devais de vous donner quelques nouvelles.

Tout d'abord, sachez que mon âme ne délaisse point ce blog. Mais ma vie s'est retrouvée très chargée ces derniers mois (ma retraite ne me suffisant pas pour vivre, car je la dépense intégralement en shôjos et tickets de bus, j'ai dû commencer à faire quelques emplois pour vieux, comme par exemple : faire la signalisation quand il y a des travaux.)

Sachez ensuite que j'ai vécu moult déceptions shojoesques. J'ai commencé et fini des séries, avec le but d'en faire des chroniques. Mais hélas, les séries choisies se sont révélées être trop moyennes pour mériter une chronique, d'autant que beaucoup étaient des sortes de "memes" (assez inquiétant phénomène, je l'avoue. Surtout dans un genre aussi original que le shôjo). 

En ce moment, je travaille sur Kimi wa petto, un josei certes, mais peut-être prometteur ? Nous verrons bien. En parallèle, je lis mille et un yaoi tout en allant dans les rues interviewer les lectrices de yaoi afin d'apporter la réponse la plus fournie possible à une question posée dans mon courrier des lecteurs.

Alors que faire en attendant me direz-vous ? Vous qui n'avez aucune chronique et autre goodie veatesque à vous mettre sous la dents ? Mais pourquoi ne pas aller lire les fabuleuses Sales Pages de la Geekette ?


Voilà qui devrait agréablement vous faire patienter.






mardi 22 mai 2012

Comment sont-ils arrivés ici ?



Mes chers lecteurs d’amour en sucre de canne, qui égaye les mojitos et le poulet coco, non je ne suis pas encore trépassée, et non, point ne vous ai oubliés.

Mais vous savez ce que c’est quand on est vieux et retraités, on est débordés. Entre les canards que je dois nourrir dans les parcs et les vendeuses des petites boutiques de quartier que je me dois de monopoliser, les bébés dans les bus auxquels je me dois de sourire bêtement car ma surdité m’empêche d’entendre leurs vagissements inhumains, je n’ai plus une minute à moi.

Je n’oublie pas pour autant ce blog, en ce moment je prends d’ailleurs très à cœur de répondre à une question posée dans courrier et qui traite d’un type de shôjo en particulier. J’ai en effet tenu, avec toute la force de mon dévouement, à me documenter le plus possible avant de répondre, ce qui me prend beaucoup de temps.

Mais me revoici tout de même en attendant. Et pour fêter ça, je vais créer aujourd’hui une nouvelle rubrique et me pencher sur une tâche ardue mais prompte elle aussi à faire sourire : répondre aux requêtes Google qui mènent des âmes égarées sur ce blog. Car oui, il semble (et j'en fus la première étonnée) que des gens arrivent ici "par hasard"...

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Amoureux des oxymores, ou utopistes aussi frais et innocents qu’une bouteille d’eau dans Ao Haru Ride, je crains que votre recherche soit aussi vaine que si vous recherchiez un shônen ayant pour sujet la confection de napperons, et où les héros s’affronteraient donc pour être le meilleur napperonnier, à coup de techniques du crochet japonais secrètes (mises au point au 17e siècle via la venue de dentellières hollandaises) et de chemin de table en fibre ultra résistante en bambou. Encore que, si ça se trouve, ça existe… 

Je ne vous empêcherai pas de continuer à chercher, mais ce lieu n’est définitivement pas celui qui encouragera votre foi…



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Et pas qu'une fois :

Je ne sais si c’est un fait que vous vouliez confier à Google, si ce sont les paroles du dernier hit de Lâam, un extrait d’un livre que vous tentez vainement de retrouver ou une recherche pratique, via google, pour savoir comment s’offrir efficacement à « dieu » :

En tous les cas, je vous rappelle que les voies du seigneur sont impénétrables et qu’ainsi, que vous fassiez vos prières ou non, que vous soyez croyants ou non, ni vous ni vos amis ou votre famille n’échapperez au cancer, aux accidents de la route, aux retombées de Fukushima… bref ! Pourquoi ne pas plutôt voir modeste, certes, j’en conviens, mais aussi plus rapide et sûr ?
En l’échange d’offrandes sous forme de nourriture ou d’argent, offrez-vous à ma divine parole qui vous apportera repos et paix après vos dures journées de labeur, et vous fera relativiser votre quotidien une fois comparé à celui du monde des shôjos.

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Un excellent cadeau à offrir à ses enfants pour encourager leurs mœurs naturelles. Ici vous ne trouverez hélas que des shôjos en kit. Mais on sait combien un bon shôjo peut être efficace en matière de peines et tortures, à bons sadiques, salut !

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Désolée, il n’y a pas encore de chronique sur Arakure qui pourra pleinement vous dég… vous donner envie de lire les aventures d’une petite fille de yakuza et de son garde du corps grand-beau-mystérieux et amoureusement dévoué (attention, on tape dans une série relativement récente, d’où cette étonnante originalité dans le thème).
Mais que je vous prévienne : la série n’est pas terminée en France et ne le sera sans doute jamais. Elle est terminée et disponible en anglais sur certains websites infâmes qui proposent gratuitement des ouvrages que vous devriez acheter, chenapans.

Pour ceux qui me répondront  que si la série n’est pas disponible à l’achat en français, ce n’est quand même pas de leur faute et que c’est une bonne excuse pour lire des scans, la réponse est pourtant simple : assumez un peu vos orientations et mettez-vous au japonais, allons, quoi de plus évident ? L’idéal étant d'ailleurs de combiner avec l'apprentissage du coréen et du chinois. Et  duvietnamien tiens, y'a de bon truc en vietnamien. Voilà. C'est tout bête.
Cela vous permettra en plus de donner la seule et unique réponse véritable au questionnaire pour entrer à l’INALCO :
« Je souhaite apprendre le japonais à cause des mangas et des animés  à cause de mon intégrité et de mon grand sens moral. »
(La réponse "pour pécho de la Japonaise, bitch ou pas" n'étant pas tout à fait exacte car vous savez que c'est possible sans parler japonais).

Bref, lisez du shôjo en toute légalité ou assumez vos couilles en latex bas de gamme et changez de lectures, car oui, la lecture du shôjo, que vous prenez de haut avec vos yeux occidentaux pétris de préjugés, ça se mérite, ça se gagne à la sueur de vos neurones ! Et si vous n’êtes pas prêts à cela, c’est que vous n’êtes pas dignes. Carrément.
Et ne vous croyez pas méritants, vous êtes impressionnants, mais vous n’êtes pas encore une héroïne de shôjo. 
Si vous n’êtes pas prêts à en chier vos boyaux comme un cœliaque qui sort du Mac Do, vous ne serez jamais méritants. Car je vous préviens, ce sera l'enfer. On vous pointait du doigt quand vous ne vous mettiez pas à la langue de vos lectures préférées, eh bien maintenant on vous pointera du doigt parce que vous le faites.

Je sais bien qu’on ne vous a jamais demandé pourquoi vous vouliez vous mettre à l’espagnol, l’italien ou, pire, à l’allemand (alors qu’on devrait). Et que vous ne comprenez pas, faibles occidentaux égocentriques que vous êtes, pourquoi vous êtes ainsi fustigés par autant de monde (que les fustigeurs soient pro ou anti) quand vous osez approcher la culture nippone. Mais soyez forts. Vous n'êtes même pas encore confrontés à l'avis des Japonais, vous n'avez pas encore mis l'orteil hors de votre terre francophone, mais soyez forts.

Vous entrez dans un monde que même Lovecraft n’aurait pu décrire, où les règles, les limites, les logiques, sont bouleversées dans le plus non-euclidien des chaos. Vous entrez dans un monde impitoyable où ceux qui se battent pour qu’on cesse de dénigrer leurs goûts et de les mépriser, battent et méprisent ceux qui font comme eux mais qui euh… ne le font pas pareil. Et qui sont arrivés après eux. Sales petits arrivistes que vous êtes qui n'étiez pas nés dans les années 70-80.

Vous entrez dans un terrain de luttes incessantes, où vous n’aurez que des échos de bribes d’informations qui vous aideront à survivre (monnayant un tarif raisonnable, je peux vous en donner certaines, mais les comprendrez-vous seulement ?)

Et si vous n’avez pas vécu comme moi au moins trois guerres, dont deux mondiales, vous n’avez aucune idée ce que vous allez affronter. Vous trouviez la « culture japonaise » étrange et attachante dans son aura exotique et son autre humanité ? Préparez-vous à affronter plus étrange encore et bien plus inflexible : la culture de ceux qui y trempent leurs humbles pieds et veillent à ce que son onde ne soit point souillée par les vôtres.

Il n’existe pas de nom pour ces gens, car aucun mot, aucune expression alambiquée et à rallonge (pas même en allemand) ne peut leur correspondre. Et la folie me gagne alors que je tente de vous expliquer ce qu’ils sont. Ils vont venir. Pour moi. Ils vont venir. Je dois me taire… cesser…

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Il s’agit de l’escalier de Penrose : avec lequel a largement joué Escher. Il s’agit plus ou moins d’une invention de génie pour tout sadique qui souhaiterait écrire un shôjo et transcender les règles dugenre.

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 Je ne peux que vous conseiller de vous mettre au shôjo et de, pourquoi pas, découvrir Haou Airen.

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Je ne plaisante pas :

 Je ne sais pas exactement ce que vous recherchez (c’est si vaste comme demande), ni comment vous avez atterri ici avec une requête pareille, mais après « je m’offre à dieu », plus rien ne m’étonne. Des têtes baissée de masochistes sous l’emprise d’un sadique, vous en trouverez dans l’excellent  Haou Airen (encore lui). Bonne lecture !

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Je ne sais si votre fille/copine est tombée dans les escaliers et que la manière la plus efficace de lui venir en aide vous parait être de faire une recherche Google, ou si c’est une histoire que vous tentez de retrouver (« Ah mais si tu sais, c’est une fille et à un moment elle tombe dans les escaliers ») mais pour ce dernier cas, je crains que vous ne deviez éplucher tous les shôjos disponibles à la vente pour retrouver l’histoire…
 Même réponse pour les 2 personnes qui ont tapé « Mangas de beau mec torse nu » : 

Je ne peux que vous recommander la lecture de shôjos, et plus particulièrement des yaoi. 

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Encore une fois, je ne sais si c’est un constat pour le plaisir ou une citation que vous tentez de retrouver. Je ne sais pas comment vous vous êtes retrouvés ici cependant et je ne sais quoi vous répondre à part : continuez.

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car vous êtes quelqu'un de bon goût :
Et je vous répondrai :  Haou Airen (toujours lui).


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Je ne sais pas si ce qui m’effraie le plus est le risque que vous preniez les conseils de mon kit au premier degré (ce qui est déjà arrivé), ou le fait que vous cherchiez à écrire un shôjo ou, pire, que vous demandiez à Google comment faire.
Et je ne veux pas savoir à quelles fins vous agissez…Mais je ne m’inquiète pas pour vous. Vous réussirez. Et on vous prendra même pour un vrai scénariste. Ou pire, un créatif.

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Là encore, je ne sais pas si vous demandiez réellement à Google ses conseils pour gérer la rancune de votre amie, ou votre propre rancune à son égard. Ou si vous cherchiez comment doser une bonne rancune d’amie (« bon, je lui en veux à mort à cette teupu j’ai trop le seum MAIS c’est mon amie ! Alors c’est quel type de rancune que je dois avoir ? »).
Il semble que pas un seul instant vous ne vous soyez dit que si rancune tenace il y a, sans doute que le terme « amie » a été surévalué.

Vous êtes alors une bonne héroïne de shôjo, bienvenue ! Si l’on écoute la sagesse ancestrale du shôjo, la seule façon de gérer la rancune d’une amie est de la laisser vous faire subir les pires outrages. Et n’oubliez pas de la remercier ensuite. En général, ça ne règle rien mais vous deviendrez méritante.

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Encore une fois, je ne sais pas exactement comment cette requête a pu vous orienter vers ce blog. Je ne sais pas si vous posiez véritablement une question ou non. Mais faisons comme si c’était une requête.
Je crains que la réponse à cette question, dans la plupart des cas, soit oui :
J’ai fait passer la console et l’ordinateur avant mon mari. Et il m’a quittée. En effet, le fait que j’aie préféré terminer ma partie de Fallout avant de venir le secourir lorsqu’il a fait son infarctus lui aura été fatal.

Mais mon cas est peut-être particulier. Si vous parlez simplement de « quitter » sans évoquer de tragique disparition, la réponse demeure sans doute encore oui, pour d'obscures raisons que je ne m'explique pas. Il n’y a pas réellement de solution à moins d’épouser une gameuse (si possible, prenez une coréenne. Mon mari coréen a été le seul véritablement compréhensif.)
Cependant, ATTENTION : il est probable qu’elle-même s’ennuie de vous et finisse par vous préférer un amour virtuel vécu en rpq sur msn, wow ou aion.

Et maintenant, je retourne jouer à Diablo... écrire une chronique.



dimanche 26 février 2012

Ao Haru Ride



La série est encore au cours aussi nous nous contenterons d’une mini-chronique

Pourquoi Ao Haru Ride ?

Ao Haru Ride, le shôjo dont on nous vante les mérites, LE shôjo si vrai, frais, naturel... c’est le shôjo qui fait genre « Nan… mais moi, je suis un bon shôjo là, un shôjo réaliste, ne confondez pas tout. » Alors qu’en fait, non.

Bien sûr, bien sûr, au milieu de shôjos classiques à base de jeune écervelée bête et maladroite, et de jeune héros maître du monde, Ao Haru Ride semble faire bonne figure :
Des gens qui ont l’air simples, normaux, « vrais ». Pas de groupie tarée qui fomente d’éventrer l’héroïne avec une tronçonneuse sous prétexte qu’elle serait amoureuse du même homme qu’elle, pas de héros demi-dieu-mannequin-sculpteur sur glace, pas de scènes rocambolesques à l’extrême où l’héroïne découvre que sa mère n’est pas sa mère et que son grand frère n’est pas son frère et qu’elle doit sacrifier son amour pour son honneur etc. Certes.

Alors forcément, à côté, on se dit qu’Ao Haru Ride, c’est réaliste, c’est plus naturel, c’est plus vrai. Oui, mais non. C’est juste exactement la même chose que le reste, on a simplement épuré les codes et on a minimalisé la dramatisation. Résultat des courses : il ne reste plus rien. Et on se fait arnaquer.

Ao Haru Ride, c’est un peu comme aller voir un film irano-moldave qui s’appellerait « La Balade du Printemps Bleu » et où on passerait 2h à regarder des plans à contre-jour sur des gouttes de rosées, des regards qui se fuient, des gens qui vivent-en-sous-entendus, avec beaucoup de silences, de blancs, de longueurs, de tensions avortées, de larmes étouffées. On en sort avec l’impression d’avoir vu un truc intelligent. Alors qu’en vérité, on a juste vu un truc chiant.

Le pire étant que l’intrigue et son déroulement sont aussi tout aussi irréalistes et ridicules que ceux de n’importe quel shôjo. Je vous en prie, jugez par vous-même.

Titre : アオハライド Ao Haru Ride
Auteur : 咲坂伊緒 Io Sakisaka
Volumes : 3 (en cours)
Chapitres : 13 (dont un chapitre 0)
Date : 2011
Genre : Shôjo « moderne » faussement appelé aussi « shôjo original/intelligent ». En réalité : vide intersidéral.


Synopsis-spoiler :
Au collège, Yoshioka aime Kou parce qu’il est moins bruyant que les autres (je schématise). Kou aime Yoshioka sans raison particulière. Mais ils se perdent de vue. Au lycée, ils se retrouvent, mais Kou n’arrête pas de répéter qu’il a vachement changé, sous prétexte qu’une fois toutes les trois heures, il est sarcastique avec Yoshioka. Yoshioka veut comprendre pourquoi Kou a autant changé, et espère pouvoir l’aider…
Grâce à mes pouvoirs para-psychiques, même si la série n’est pas finie, je peux d’ores et déjà vous prédire que Yoshioka et Kou finiront ensemble.

Ao Haru Ride, du « rien » avec une pincée de « plus rien » :

Dans Ao Haru Ride, comme dans le shôjo le plus basique, l’action et la tension sont permises grâce à du rien. Et comme dans un shôjo de base, rien ne tient debout.

Par exemple, Yoshioka a un GROS problème, et on vous présente ça au début, on croirait qu’elle a le sida. Mais non, en fait c’est juste que Yoshioka n’aime pas les garçons parce qu’ils sont un peu bruyants et brusques voyez-vous : 

Ah lala, trois garçons qui parlent fort et rigolent, PANIQUE

Alors forcément, elle tombe folle d’amour de Kou, qui n’est pas bruyant. C’est donc l’occasion de le sniffer par amour, logique. Mais hélas, Kou disparaît du jour au lendemain (possiblement enlevé par des extraterrestres ?).

Yoshioka vit un autre problème. Un problème dramatique : elle est mignonne. C’est quand même super grave et on ne tient pas assez compte de nos jours de l’ostracisme dont souffrent les gens beaux. Une idée reçue voudrait qu’ils aient gloire et succès mais en réalité, comme l’explique si bien Yoshioka, ils sont persécutés par les autres et mis au ban de la société (enfin, ici, de la classe).
Encore une fois, comme on est au Japon comme on est dans un shôjo, il semble qu’il n’y ait pas d’exception possible à la règle, aussi TOUTES les filles mettent Yoshioka de côté (mais que font les autres « nanas belles » ?)
Plutôt que de passer outre, ou de ne pas se prendre la tête, Yoshioka décide de changer de personnalité et de faire genre « je suis pas mignonne je suis un garçon manqué bourrin qui mange beaucoup » (c'est terrible...), afin de contrebalancer son physique et de rétablir l’équilibre. Une réaction pleine de bon sens s’il en est.

Yoshioka est ainsi heureuse d’être acceptée au lycée et de ne plus être rejetée en raison de sa grande beauté.

On découvre assez vite que son « acceptation sociale » consiste à être simplement copine avec deux connasses aigries (qui n’aiment pas les jolies filles). Qui ont aussi d’ailleurs l’air d’être les deux seules pour lesquelles le fait d’être mignonne pose un problème, en fait, là qu'on en parle... mais bon. Passons.

Yoshioka s’accroche de tout cœur à cette « fausse amitié », tout en constatant elle-même qu’elle ne lui apporte rien : ses "amies" l’enfoncent dès qu’elles le peuvent, et la laissent dans la merde dès que l’occasion se présente. Mais Yoshioka nous le répète : « c’est mieux que rien ». On ne voit pas en quoi vu que ça ressemble plutôt à du rien (elles ne sont même pas vraiment amies, techniquement), en pire (ça lui crée des emmerdes).
Mais Yoshioka a tellement peur d’être mise à l’écart et de côté, comme cette pauvre Yuuri, si gentille, mignonne et douce. Et avec laquelle elle s’entend si bien en plus…
Se dire qu’elles pourraient être amies, comme une série de coïncidences énormes vont le démontrer par la suite, ne lui passe pas par l’esprit. Elle préfère rester  arbitrairement avec deux salopes et entretenir une amitié inexistante et fausse, c’est tellement plus logique.

On découvre pourtant bien vite qu’il y a d’autres personnes susceptibles de copiner simplement avec elle pour ce qu’elle est... comme dans la vraie vie un peu. Mais Yoshioka n’est pas capable de le voir car elle n’a pas reçu sa part réglementaire de neurones à la naissance.

Il va donc falloir le retour de Kou pour que, grâce à leur deux cerveaux combinés, elle comprenne qu’elle manque sans doute de bon sens. Elle va prendre la défense de Yuuri que ses deux amies accusent de façon méchante. Et… c’est le drame, elle va perdre ses « amies ». Et tout ça c’est à cause de Kou ! Non, de sa faute elle ! Enfin non, c’est à cause du fait que ses "amies" sont des pétasses mais ça, elle ne le comprendra jamais. Tout est forcément de sa faute à elle (elle a grand cœur).

Enfin bref, plus intéressant : Kou est donc revenu, et attention mesdames et messieurs, comme il va le répéter à Yoshioka à grands coups de parpaings en béton allemand : il a CHANGÉ. ATTENTION il n’est plus comme avant, il n’est plus comme celui qu’elle AIMAIT (et qu’elle connaissait bien, je veux dire, ils avaient échangé quatre mots). Non. Il est différent.
On peut se demander s’il veut dire par là qu’un alien a pris possession de son corps (ce qui collerait avec sa précédente disparition) mais non. Parce qu’à part qu’il est devenu plus beau et plus ténébreux, il n’a pas vraiment changé.
Il est toujours gentil et compréhensif, il va dépanner/sauver un nombre incalculable de fois Yoshioka , juste qu’il va lui balancer une vanne de temps en temps histoire de montrer que han, il est froid et pas sympa.

Croyez-le ou non, mais ça marche. Mais pas trop longtemps, sinon il n’y aurait pas assez de rien dans ce shôjo…

Car oui, grande particularité de Ao Haru Ride qui va le distinguer des autres shôjos et participer à sa fausse réputation de réalisme (ou « shôjo frais ») : on remarque bien vite que chaque point susceptible de créer du drama avec du rien se simplifie et se dissout dans les secondes qui suivent, histoire qu’il ne se passe vraiment rien.

C’est ainsi que Kou, froid, distant, ne veut plus jamais lier de contact avec personne car il a en fait… perdu sa mère et ça fait trop mal de perdre les gens auxquels on s'est attaché ! TENSION et PROBLÈMES. Mais il découvre - en y réfléchissant quelques secondes grâce à Yoshioka et son optimisme - que ah ben, c'est la vie tout ça, faut surmonter la douleur et aimer de nouveau, c’est mieux en fait. Et voilà, fin du problème.

Yuuri, la meilleure amie de Yoshioka est elle aussi amoureuse de Kou (car il l’a aidée à traverser une rivière), TENSION !! Oui mais c’est pas grave, on est amies, on s’aime quand même, on va s’épauler, choupi tant mieux.

Et ainsi de suite. Ao Haru Ride c’est ça : de la tension avec du rien, mais vite ! Faut éviter qu’il se passe trop quelque chose, alors dès qu’on peut on vire la tension.

Comme d’habitude, le « rien » se base sur des partis pris ou logiques totalement irréalistes. Donc ceux qui vous ont dit que Ao Haru Ride était un shôjo réaliste se sont simplement laissés avoir par les apparences, à savoir l’absence des trucs aberrants grossis dix fois qu’on a habituellement dans les shôjos.

Parce que Ao Haru Ride, c’est quand même un shôjo où quand une nana croise un mec qui se balade en pyjama torse nu chez lui, elle se met à hurler :
"Naaoooooooooooooon ! Un TORSE NU AAAAAAAAAAAAH"

Puis à en déduire logiquement qu’il vient pour faire l'amour ou la violer (l’influence néfaste de Haou Airen est partout) :

Ao Haru Ride, shôjo réaliste s'il en est.

Sans compter les passages de sniffage-du-mec-que-j’aime :

"Vite, ma dose"

Sans compter ceux où il faut partager une même bouteille d'eau :

"Est-ce que je lui dis pour mon herpès ?"

Donc bon, dire que c’est un shôjo réaliste et « vrai », c’est un peu comme dire qu’un film français est réaliste parce que comparé à un blockbuster américain, quand même...

Ao Haru Ride, c’est aussi une accumulation d’échanges et de situations où il faut être japonais pour comprendre. Non parce que sinon, je vous assure qu’on ne voit jamais le problème.

Par exemple, Kou reproche à Yoshioka d’être toujours attachée à son lui du passé, alors qu’il a CHANGÉ. Outre que c’est stupide car elle a parfaitement le droit d’être attachée à un passé sympa, outre que les gens ne changent jamais vraiment et lui encore moins, comme le manga le démontre par la suite, Kou en déduit que Yoshioka est une looseuse. Voilà… voilà. Non mais, ne… ne cherchez pas le lien logique. "Tu aimes un moi que je ne suis plus ! Looseuse !" "euuuh... tu aimes le crabe, espèce de euh... d'étourdi ?"

Il y a plein de petits passages comme ça. C’est comme la logique tordue de Yoshioka qui copine pour « ne pas être seule » mais, plutôt que de se faire vraiment des amies (par exemple, je sais pas moi, avec des gens susceptibles d’être des amis) se prend la tête à se faker une personnalité et tout ça pour plaire à deux connasses qui la maltraitent… mais… juste…. Pourquoi ? Non rien, c’est gratuit, c’est dans sa tête.
Et la façon dont Kou la convainc d’arrêter est tout aussi tordue que celle dont elle se prend (encore) la tête ensuite en se disant que naaaon, que va-t-elle faire maintenant, comment, pourquoi, la vie, compliquée, tout ça…

>>Donc si on résume, à ce stade : on a des habituelles tensions illogiques, une absence de communication efficace et d’utilisation de neurones, un beau ténébreux, une fille optimiste au grand cœur, du rien qui repose sur du rien… et vous allez encore me dire que c’est un shôjo original, réaliste et intelligent ? Mais dites-moi, vous seriez presque d’encore plus mauvaise foi que moi… ?

Alors non, ne lisez pas Ao Haru Ride, ne vous faites pas avoir vous aussi. Voilà.


( Source des extraits de mangas : http://www.mangareader.net/)


lundi 16 janvier 2012

Haou Airen


Pourquoi Haou Airen ?

C’est assez impudent en effet de commencer mon premier avis-de-mamie par Haou Airen. J’entends vos voix s’élever : « Quoi ? Mais ce n’est pas un vrai shôjo ça ! »  Il est vrai qu’on le considère rarement comme un manga à destination des jeunes filles. Trop de scènes de viols et de mafia chinoise sans doute. Officiellement c'est donc un josei (manga à destination d'un public plus âgé que le shôjo), même si j'ai beaucoup de mal à comprendre justement comment une femme plus mature peut lire ça.
Voyez le paradoxe.

Mais si Haou Airen a sa place ici, c’est parce qu’il est un véritable shôjo dans l’âme. Son héroïne n’a rien de la jeune femme typique de josei qui aurait de la répartie et/ou du caractère (enfin, à peu près aussi souvent que sont ouverts les bureaux de l’administration française). Non, il s’agit d’une jeune lycéenne tout ce qu’il y a de plus shôjesque. C’est même le parangon de l’héroïne de shôjo ! Découvrons alors ensemble cet ouvrage.

Fiche technique :

Titre :覇王·愛人Haou Airen
càd : Plus ou moins « la p’tite copine du maître suprême (de-sa-mère-qui-tue-tout »). Non, on ne sent pas tout de suite le complexe ni les fantasmes de l’auteur, non.
Auteur : 新條まゆ Shinjō Mayu
>> Il va sans dire que c’est un de mes auteurs préférés en matière de shôjo-nanard.
Volume : 9
Chapitres : 50
Date : 2002-2004
Genre : Dark-shôjo-je me fais entuber et j’aime ça
Edité en France : Hélas, non. Déçus ?

Synopsis-Spoiler :
Kurumi (une jeune lycéenne japonaise, bête mais méritante) pose un pansement sur le bobo d’Hakuron, un redoutable parrain de la mafia chinoise (et accessoirement, héritier du trône de Chine). Séduit par la témérité de cette belle-mais-pas-trop inconnue, le parrain la ramène en Chine où ils vivront leur grand amour. Mais : peut-on vivre le grand amour quand on est une innocente reine des nouilles et qu’on aime un homme qui tue, vend de la drogue/des armes, et encourage la prostitution… ?
>>Kurumi et Hakuron traverseront leur lot d’épreuves, toutes plus terribles et stupides les unes que les autres, jusqu’à ce que (enfin, ô grands dieux, merci) quelqu’un ait la bonne idée de tuer le héros et de mettre fin à tout ça.

Pour qui est Haou Airen ?
Haou Airen s’adresse au cœur de midinette d’une lectrice en particulier. Celle qui se sent pas trop jolie, pas trop maligne, fade, éternellement médiocre, dotée d’un complexe d’infériorité cuisant. L’éternelle laissée pour compte. Celle dont l’insipide personnalité la pousse à ne jamais savoir quoi faire et qui finit immanquablement par suivre ce que font les autres et/ou ce qu’ils lui disent de faire. Toute l’histoire de sa vie.
Celle qui, dans le fond, ne rêve pourtant que d’une chose assez simple : briller au-dessus de tout le monde. Au-dessus de l'univers. À travers quelqu'un d'autre (faut pas déconner). Enfin ! Elle a son shôjo à elle où elle pourra voir le dernier des rebuts en matière de midinette impotente devenir LE GRAND AMOUR DU MAÎTRE SUPRÊME. Oui, lui, personne d’autre. 

Caractéristiques classiques du shôjo : 9/10

>>Dans ce shôjo, nous rencontrons nos incontournables classiques (cf les articles sur le shôjo en kit) :

-Le héros est un dark-prince, à la fois mafieux-héritier du trône de Chine-lycéen 1er de la classe,  populaire, qui fait 30 ans mais en a 18, est beau-grand-fort-ténébreux, est prêt à tout pour celle qu’il aime (mais ne sait pas forcément comment s’y prendre, pauv' bichon).

- L’héroïne a bon cœur, est courageuse (au moins 5 bonnes minutes), méritante (elle vit une tragédie : orpheline de père, sa mère est malade, c’est donc elle qui prend soin de tout le monde). Elle ne sait pas descendre les escaliers, est dénuée de force de caractère et de personnalité. Jusqu’au bout, je me demanderai qui a le plus de charisme et de personnalité entre Kurumi et les pantoufles en peau de chinchilla mort de Hakuron. Les pantoufles gagnent.

- La connasse de meilleure amie combinée au personnage de l’ex machiavélique.
- Tout le monde tombe amoureux de Kurumi (ou presque).
- Les points forts de l’intrigue ne tiennent la route que par la classique absence de communication entre les personnages et leur mémoire de poisson rouge associées à l’arrêt momentané du fonctionnement des neurones de Kurumi.

 En bonne héroïne, Kurumi pense à trébucher sur un sol plat afin de tomber avant de se faire violer

Je ne mets pas 10 en raison de la surabondance de « viols par amour » qui ne collent pas tout à fait avec le shôjo par excellence où le héros (qu’il soit dark ou brillant) demeure tout de même trop amoureux pour en faire autant baver à l’héroïne…

Haou Airen, dans le détail :

Avant toute chose, je salue le courage de la mangaka qui a fait naître ce manga et qui, pas une seule seconde, n’a eu honte d’empiler ses fantasmes, de les fourrer sans retenue avec ses complexes, pour nous les servir copieusement entre deux bouchées de facepalm.

Parce que Haou Airen, c’est vraiment LE manga où vous vous sentez gêné pour l’auteur. Plus ça avance et plus elle met à l’épreuve votre compassion humaine. Ceux qui avaient déjà trouvé que Stephenie Meyer (mais si… l’auteur de Twilight) les mettait mal à l’aise en étalant au grand jour son fantasme du dark-dominateur-parfait-plus-grand-plus-beau-plus-fort, conçu sur mesure pour la protéger, n’ont encore RIEN vu, tant qu’ils n’ont pas lu Haou Airen.

Il y aurait tellement de choses à dire sur ce shôjo qui s’étend et s’étend sans jamais vouloir finir, et où chaque nouveau chapitre a un arrière-goût de déjà-vu :
 « Tiens, mais tu te fais violer Kurumi ? / Tiens ! Mais tu te fais encore violer ? Attention Kurumi, je crois qu’on va te viol… »

Haou Airen est un tel ramassis d’émotions affligeantes, de clichés exaspérants, qu’il serait impossible de tout détailler ici au risque de faire une chronique de plusieurs mois. Je passerai donc sur le fait que l’auteur ait  30 ans de retard en matière de cool-attitude et ait ainsi choisi de coller au héros un "imperméable-cape de vampire" :

"Je suis riche et j'ai l'air cool grâce à mon imper-cape-de-vampire. Bon ok c'est pas pratique dans ma profession, il glisse dès que je dois courir ou tuer quelqu'un. Mais j'ai l'air cool. Oh et puis, ta gueule."

Je passerai également sur le sacro-saint "Je te protégerai" de la part du héros qui, pour un type qui passe les 3/4 de l'histoire à violer la fille qu'il aime, perd quelque peu en crédibilité. Je passerai sur le cliché shojoesque qui veut que pour le héros-type (ou anti-héros), il faut toujours que la nana se mette à pleurer pour qu’il comprenne que le viol, c’est mal (« Ah tiens, elle pleure…. Hmmm… est-ce que le fait que je viens de lui arracher ses vêtements et de la plaquer contre un mur pour l'agresser  sexuellement y est pour quelque chose ? Hmm… dans le doute, on va dire que oui. Mais j’aurais jamais cru… »). Je passerai sur tout cela, pour aller à l’essentiel en matière d’affliction.

Haou Airen, c’est avant tout une héroïne qui, pas une seule seconde, n’a quoi que ce soit pour la personnaliser. En dehors d’une paire de gros seins, sa grande gentillesse/sollicitude et ses talents culinaires. Point. Nous n’en saurons jamais plus sur elle, car il n’y a rien de plus à savoir.

Plusieurs fois on lui offre la chance de se servir de son cerveau mais elle refusera poliment. Et ce n’est pas plus mal qu’elle soit vide de toute personnalité car son rôle, pendant la grande majorité du roman, consistera à se faire violer ou à faire l’amour (suivant l’humeur du héros) avec Hakuron (et parfois d’autres gens) et… c’est tout.
C’en est à un tel point qu’à un moment elle n’a plus besoin de s’habiller, elle se balade en nuisette aux côtés d’Hakuron, qui la traîne avec lui au cas où il aurait besoin de passer la violer dans les heures qui viennent. Ce qu’il fait d’ailleurs :
"Bon, j'ai une réunion alors attends-moi sagement dans le couloir, je reviens te violer après." 

Avec bien sûr l’éternel cliché de la fille qui ne peut pas marcher droit ensuite tellement c’était intense, qui rougit après tous ces baisers, qui n’a besoin de rien de plus, l’amour (insérez autour de ce mot autant de guillemets que nécessaire) d’Hakuron lui suffit etc.

>>Voyez donc la problématique : Dans ce monde merveilleux que rien (*tousse, tousse*) ne semble pouvoir ébranler (pas même les coups de butoir d’Hakuron), comment créer des tensions ? (sans rendre Hakuron impuissant, j'entends, sinon, l'histoire s'arrête évidemment aussi sec).

Eh bien tout aurait pu aller pour le mieux dans le meilleur des mondes si Hakuron avait été libraire ou comptable (mais il aurait moins fait fantasmer l’auteur).
Mais comme il est mafieux, vous devinez bien comment ce maître suprême du mal s’oppose à ce doux et innocent cœur de laitue qu’est Kurumi. Histoire de créer des soucis, Kurumi va donc se rappeler de temps en temps qu’elle sort avec un type qui tue des gens. Ce qui bien sûr, va créer des tensions et les opposer.
Comme ce ressort scénaristique ne peut durer qu’un temps (assez long comme ça), l’auteur va ensuite faire intervenir la connasse d’ex/meilleure amie : Lei Lan. Mais comme l’auteur manque d’idées, Lei Lan va utiliser le même ressort pour créer de la tension  : « Eh, tu savais que ton mec, c’était pas un gentil ? » « Hein ? Meeeerde… »

Penchons-nous sur le personnage de Lei Lan qui le mérite vraiment. Cette jeune fille riche et belle aime Hakuron de tout son cœur. Kurumi est donc son ennemie numéro 1. Elle va choisir de « manipuler » Kurumi en prétendant être son amie, et va lui dire des horreurs sur Hakuron (« Et tu sais quoi ? Je crois que ton mec… il vend des armes et tue des gens ! » « Sans déconner ? Quel salaud ! Je croyais qu'il était comptable ! »).

Étant donné qu’à part différents fluides, Kurumi et Hakuron ne partagent pas grand-chose, Kurumi va bien sûr croire tout ce que lui dit Lei Lan. Le fait que Lei Lan soit l’ex jalouse de son mec et ait tout intérêt à les séparer ne lui effleurant pas l’esprit.

Lei Lan, cependant, n’est pas une reine de la patience ou de la subtilité. Après avoir passé quelques minutes par jour à parler vite-fait avec Kurumi histoire de vaguement créer une relation amicale durable, Lei Lan va révéler son vrai visage au grand jour en soumettant Kurumi à un viol collectif (tout est normal). Et en en étant la spectatrice, rire sardonique aux lèvres, sans aucune autre émotion que la joie ultime de voir Kurumi souffrir.

Peut-être que quelqu’un de normal comprendrait alors que Lei Lan n’est pas franchement sympa. Ni vraiment équilibrée. Mais pas Kurumi, elle est trop conne gentille et généreuse. Kurumi va donc plutôt s’excuser auprès d’elle, car elle l’a rendue malheureuse en étant la petite copine d’Hakuron, elle lui a brisé le cœur, c’est pas joli-joli quand même. C’est donc manifestement de sa faute si Lei Lan en vient à de telles extrémités, tout le monde ferait de même.

 "Pardon de n'avoir rien fait de mal"

Moi-même je n’ai pas hésité à kidnapper et torturer ma boulangère le jour où elle m’a vendu une baguette de pain trop cuite (mes pauvres vieilles dents ne l’ont pas supportée, je lui ai donc arrachés toutes les siennes, les lui ai faites avaler, et je lui ai perforé les poumons avec mes nouvelles dents en titane pour bien lui faire comprendre de ne plus jamais recommencer).

Lei Lan n’est donc pas du tout une impitoyable tarée, c’est juste une pauvre petite fille au cœur brisé. Soit, admettons. Mais elle lui a tout de même révélé que leurs échanges amicaux étaient faux, qu'elle avait fait semblant d'être sa copine, tout ça. Eh bien… oui mais non, shôjo special reverse (un classique) : Kurumi lapin comprit.
Histoire d’en rajouter une couche pourtant, Lei Lan clame que Kurumi n’aura jamais la paix et qu’elle la pourchassera jusqu’à ce qu’elle meure, harr harr harrr. Ce qui, même quand on est juste une triste femme au cœur brisé, est un peu extrême. Mais non. On ne sait pas pourquoi, Kurumi ne percute pas.

Elle a donc une fébrile psychopathe en face d’elle, qui lui explique qu’elle s’est bien servie d’elle, et qui est prête à l’assassiner. Hakuron, faisant pour une fois preuve d’un peu de bon sens, tue donc Lei Lan. Et Kurumi est bouleversée, affligée (« Meeerde ! Il tue des gens ! J’avais encore oublié ! Quel monstre, je dois le quitter ! »). Parce que Hakuron a tué sa... meilleure amie.

Kurumi hurle et pleure donc sincèrement cette tendre amie (aliénée, cruelle, manipulatrice, fausse et dangereuse MAIS qui lui tenait la porte des toilettes), car Lei Lan lui dit avant de mourir, avec beaucoup de sincérité, qu’elles seront les « meilleures amies du monde » dans une autre vie…
Passer dans la minute de « Je vais te torturer puis te tuer salooope car l’homme que j’aime ose t’aimer » à « J’espère qu’on sera les meilleures copines un jour, bisous. » n’étant étonnant pour personne, Kurumi encore moins.

Kurumi pleure et clame ainsi que Lei Lan était son AMIE, hein, parce que, attention : déjà, elles se sont bien parlé aux moins 5 minutes dans les couloirs entre les cours, et ensuite, parce que le fait que l’amitié ait été simulée n’entre pas en compte. Car, rappelez-vous, nous sommes au Japon : l’apparence compte plus que le fond (comment ça je caricature ? Ah ben, je fais l’effort de trouver une explication rationnelle et tout de suite on râle… jamais contents).

À partir de là, Kurumi déteste l’homme qu’elle aime, et lui décide de la violer pour pas qu’elle le quitte (non mais, ne cherchez pas).

Elle va le quitter, il va la retrouver, recommencer, puis la refiler à un de ses sbires pour euuuh… parce que.
Ils sont persuadés l’un l’autre qu’ils ne s’aiment pas (en même temps, c’est un doute légitime : il est difficile de comprendre sur quoi repose leur grand amour). Et ils vont donc en souffrir terriblement (parce que discuter et se rendre compte qu’en fait, ils s’aiment et tout est pardonné, bah, ça ferait des tomes en moins).

Tout ça va durer indéfiniment jusqu’à ce que l’on trouve une lettre-testament de Lei Lan qui y raconte combien hahaha elle a bien manipulé son monde et qu’elle a fait tout ça pour que Kurumi, cette greluche sans cervelle, déteste Hakuron, et qu’elle est trop douée tout ça, même si bon, une fois morte, ça ne lui sert pas des masses.

On ne sait pas pourquoi, Kurumi comprend alors ENFIN que Lei Lan est une « méchante » et n’était pas vraiment sa meilleure amie. Scoop. Tout pourrait aller mieux mais Kurumi tombe dans un escalier (sans raison) et perd la mémoire.

 Ce qui est l'occasion pour l'auteur de faire preuve de tout son talent dans l'art de la perspective.


 Histoire que Hakuron soit vraiment le héros parfait et que ça tienne la route, il décide de quitter la mafia pour vivre heureux avec Kurumi et de recommencer à zéro.
Sauf qu’on ne quitte pas la mafia comme ça, et qu’un dark-héros-plein aux as et plein de pouvoir n’a plus aucun charisme une fois devenu sdf (ou comptable).

Aussi, l’auteur ne pouvant pas continuer comme ça, Hakuron redevient mafieux, Kurumi retrouve la mémoire, Hakuron essaye d’être tout gentil avec elle mais n’y arrive pas, il n’a connu que haine et violence, donc il menace de la tuer si elle ne l’aime pas à la folie (tout est normal) et Kurumi, le gun dans la face, lui dit qu’elle l’aime et l’aimera toujours (??? mais... mais...), youpi, ils acquièrent un chat et vont se marier (authentique).

Et là, un personnage secondaire amoureux de Kurumi (comme les ¾ des personnages masculins de ce manga) et devant lequel Hakuron avait crâné en violant Kurumi (authentique-bis), vient tuer Hakuron le jour de son mariage. Sans doute parce que l’auteur savait que cette belle histoire ne pouvait durer, qu’un jour Kurumi se dirait « Meeeerde ! Il vend de la drogue ! Le salaud, je le quitte ! »

Fin.
Pourquoi lire Haou Airen ?

L’intérêt de ce shôjo réside principalement dans le fait que l’héroïne ressemble à E.T. Et c’est marrant d’imaginer E.T. violé par un parrain de la mafia chinoise. Enfin, peut-être pas.


 Attention, ici Kurumi est censée révéler toute sa beauté car elle vient d'être maquillée (l'indice est le papier-chemise-hawaïenne en arrière plan). Je vous laisse imaginer sans maquillage...

"Kurumi phones home..."

L’héroïne a également la fâcheuse habitude sur plusieurs pages de ne pas penser à fermer la bouche, ce qui la fait ressembler alors à E.T. croisé avec un oisillon attendant sa béquée : 

"Eek eeek eeek eeek"

Si on lit Haou Airen, c’est aussi pour tous ces petits détails décalés qui ne feront sans doute rire que le lecteur occidental, j’entends par exemple, le fait de voir le terrible mafieux qui est en train de menacer l’héroïne mais chaussé de ses mules ringardes :

Un plan final sur les pieds du héros était-il vraiment nécessaire ?

Voilà.


(source des extraits du manga : http://www.mangahere.com/)